PLACE PUBLIQUE 2024 – Journée Karen Barad

Le transfert comme enchevêtrement

Mayette Viltard, Denis Petit

Une activité sous la responsabilité de Mayette Viltard

samedi 5 Octobre de 9h à 16H30

ARGUMENT :

Pour une re(con)figuration intraactive de la psychanalyse.
Dans les workshops précédents à propos du livre de Karen Barad, La physique quantique et l’enchevêtrement matière-signification, nous avons évoqué quelques re(con)figurations espacetempsmatière intraactives, quelques modifications de pensée et de pratiques que la diffraction et le réalisme agentiel apportent.
Aujourd’hui, avec le tome 4, Enchevêtrements quantiques, nous allons plutôt nous centrer sur une question : en quoi la physique quantique est décisive pour une re(con)figuration intraactive de la psychanalyse ?

Le cabinet du psychanalyste
Si on admet que le cabinet du psychanalyste est un atelier de production, est-ce qu’il va obligatoirement normaliser, pastoraliser, soumettre ? Devons-nous, pour nous décrasser de nos raisonnements euclidiens et newtoniens, nous atteler aux 900 pages de traduction du livre de Karen Michelle Barad ?
L’atelier, qu’elle étudie comme appareil matériel-discursif de production corporelle, et qui constitue une nouvelle compréhension matérialiste du pouvoir et de ses effets sur la production des corps, des identités et des subjectivités, est-il aussi bien le cabinet du psychanalyste?

Quoi de plus itératif que des séances de psychanalyse ?
En délaissant la linéarité temporelle, faut-il considérer chaque séance comme un appareil ? Quoi de plus itératif que des séances de psychanalyse ? Adieu le recours au « mélange », à « l’assemblage », au « contexte », à « l’intersectionnalité », à la « médiation », à l’« entre-deux », au « cadre », à « l’enchaînement », à la « coupure », adieu au présent, au passé, au futur, se déroulant dans le temps, plongés, ainsi nous pensons-nous, dans un espace où la matière est inerte et « naturelle»…

Enchevêtrement ne veut pas dire embrouillamini
Enchevêtrement ne veut pas dire embrouillamini incertain, il ne s’agit pas d’un plat de spaghettis. Les enchevêtrements, comme les superpositions, relèvent uniquement de la mécanique quantique : ils spécifient une caractéristique du comportement des particules pour laquelle il n’existe pas d’équivalent en physique classique. Par essence, la notion d’enchevêtrement est une généralisation d’une superposition dans le cas où il y a plus d’une particule. En d’autres termes, l’état enchevêtré d’un système A et d’un système B ne peut pas être correctement compris comme un système composite, par exemple un mélange, composé de deux éléments indépendants, comme des systèmes séparément déterminés A et B. Au contraire, l’état enchevêtré de A et B, symbolisé par l’équation ψ , doit être compris comme une entité unique. (Lacan invente “une psarticule”).

Des corps en devenir et des spatiotemporalités contingentes
Nous voilà ahuris, avec des corps en devenir et des spatiotemporalités contingentes, nous dit Donna Haraway… Alors le transfert…, l’amour de transfert…, agirait, agentiellement, comme re(configuration) intra-active ?.

Bienvenue dans le monde de la métaphysique expérimentale

  • Si le « méta » se prête à l’expérience, si la métaphysique n’est plus ce qui est en dehors du domaine physique testable, alors, ce que nous disons de la réalité peut échapper à la représentation.
  • La connaissance est un engagement matériel direct. Le langage n’est pas une médiation. L’objectivité n’est plus épistémologique mais ontique, découlant de pratiques matérielles. Elle tient de l’inséparabilité de l’objet et de l’agencement d’observation. Et elle n’est donc plus l’apanage de l’humain.
  • La réalisation d’expériences de pensée en laboratoire a permis de question¬ner d’un même mouvement la nature de la réalité et celle de la connaissance. Ces expériences ont permis d’apporter des preuves empiriques d’une métaphysique différente de la mécanique newtonienne qui postulait, par exemple, l’existence d’objets possédant des propriétés inhérentes, et la condition de localité selon laquelle il n’y a pas d’influence instantanée entre deux objets séparés.
  • Le temps n’est pas un paramètre extérieur, pas plus que l’espace ; il est phé-noménal. Contre la fétichisation des dimensions absolues, avec Karen Barad les études scientifiques et la réflexion sur la science s’enchevêtrent, elles ne sont plus dans une relation d’extériorité. Ce qui est « meta » n’est plus un au-delà.

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La mécanique quantique pose certains des défis les plus profonds à notre vision du monde fondée sur le sens commun.

Karen Barad, Meeting the Universe halfway

C’est tout à fait mystérieux. Et plus on y regarde, plus cela semble mystérieux.
Feynmann et al., The Feynman Lectures on Physics.

Quiconque n’est pas choqué par la théorie quantique ne l’a pas comprise.
Niels Bohr, The Philosophical Writings of Niels Bohr.

On dit que les superpositions incarnent les mystères de la mécanique quantique

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Il y a des artistes qui ont l’art de faire fuir le sens commun. Souvent, on les ignore, on les dénigre, on les oublie, ou on les encense en les intégrant dans le puissant politiquement correct de l’air du temps.

La matinée sera consacrée à un film… très perturbant sous ses aspects des plus bénins. Une bluette ont dit les critiques…

 L’après-midi, le débat sera ouvert par deux exposés, de Denis Petit et Mayette Viltard.

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