Huile sur toile – 114×146 cm
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Les fenêtres d’Edward Povey est un hommage au travail de cet immense artiste qu’est Edward Povey. Faisant référence aux fenêtres ouvertes sur le monde par Leon Battista Alberti parlant du cadre d’un tableau ou d’une fresque (De Pictura 1435), cette toile constitue un seuil, un espace de création dans « linframince ». C’est à dire que ne pouvant s’extraire de la répétition provoquée par la citation, de la continuité et de la dette envers l’histoire de l’art, un mouvement gîte en cet espace à partir d’un acte de création qui opère dans la singularité. Il constitue « un pas de sens », sans référent, mais un « pas de sens » furtif et ineffable.
« Seuils N°2 : les fenêtres (finestra) »(146×114). Le mouvement d’un acte de création, hommage à Edward Povey. qui lui aussi peut être une muse.
« D’abord j’inscris sur la surface à peindre un quadrilatère à angles droits aussi grand qu’il me plaît, qui est pour moi en vérité comme une fenêtre ouverte à partir de laquelle l’histoire représentée pourra être considérée ; puis j’y détermine la taille que je souhaite donner aux hommes dans la peinture. Je divise la hauteur de ce même homme en trois parties, que je fais proportionnelles à cette mesure appelée vulgairement « bras »» Leon Battista Alberti, De Pictura, Paris, Seuil, p. 83, 85.
Selon Daniel Arasse, Leon Batista Alberti écrit dans son traité De pictura (1435) que le tableau est « comme une fenêtre à partir de laquelle on peut contempler l’histoire. » Cette histoire, qui n’est pas le monde, mais une image contemplative, est contenue dans un cadre qui la renferme, mais qui, à partir du 15e siècle est peu à peu transgressé par les peintres. Cette transgression servait souvent à différencier les réalités du tableau, comme le montre l’escargot peint sur l’Annonciation de Francesco del Cossa (Dresden, Gemäldegalerie Alte Meister) ou la mouche sur le Portrait de Chartreux de Petrus Christus (New York, Metropolitan Museum of Art), courant qui commença avec la Trinité de Masaccio (Firenze, S. Maria Novella).
SEUILS N°2 : Les fenêtres d’Edward Povey
Huile sur toile114x146 cm 2020
«De fait, notre travail consiste non à défendre des limites imperméables, mais à œuvrer sur leurs lisières pour décider à chaque fois où se trouve la jointure. Travail épuisant, local, qui n’a pour guide que quelques orientations éthiques. ». CIFALI M., 2020, Tenir parole. Responsabilités des métiers de la transmission, Paris, PUF.
Edward Povey s’approche au plus près de la question du sujet et notamment en ce qui concerne la question de sa disparition ou dissolution évanescente. Il y a, avec ce sujet-là, celui que la psychanalyse appelle le sujet de l’inconscient. La psychanalyse pose l’hypothèse de son « aphanisis » ce qui pourrait signifier qu’il est insaisissable sauf à n’être, en son essence, que pur mouvement. Cette saisie n’est donc possible qu’un seul instant. Cet aspect-là vient au plus près de ce qu’Edward Povey nomme fréquemment les fantômes et les apparitions d’une vie intérieure énigmatique et hors sens. À ce titre, son œuvre peut être assimilée, je ne crois pas me tromper, à la peinture en tant qu’acte de peindre. Un acte disparu aussitôt agi et dont les résidus énigmatiques de la représentation n’offrent de prises qu’à l’interprétation. Edward Povey cultive le désir du regardeur et le maintient en mouvement face à cette quête perdue d’avance, de retrouver un acte mythique de création. Il nous apprend ainsi que créer c’est perdre. Mais de cette perte renaît sempiternellement le désir du peintre comme celui du regardeur. Il cultive donc la force de l’énigme et nous invite à notre tour, à inaugurer nos propres fictions, suggérées par la puissance évocatoire de ses représentations. Avec ses œuvres, il n’est pas question d’une signification, mais plutôt d’une mise en mouvement par les émotions (« Peindre, c’est toujours faire voir le feu sous la cendre », Jean-Marie Pontevia « La peinture masque et miroir. Écrits sur l’art et pensées détachées », éditions William Blake & Co 1981). Edward Povey nous laisse donc au seuil, dans un entre-deux temporel éphémère. Forte expérience que celle-ci. Pour Edmond Jabes « Le seuil c’est peut-être la mort ». Je pense, quant à moi, que le seuil est un moment, non pas un lieu, une fulgurance insaisissable aussitôt qu’aperçue. Il s’apparente à une formation de l’inconscient et nous entraîne vers une expérience du retard (Le retard « verrien » de Duchamp) et de l’imperceptible comme raison même de la création. C’est en ce point, selon une modalité assez opposée à Duchamp, qu’Edward Povey œuvre pour agir dans l’inframince, sur le regardeur. Un regardeur averti devrait avoir beaucoup à faire face aux tableaux d’Edward Povey. Il faut avant tout déjouer le patent et le spectaculaire qui oriente notre interprétation de l’image puis se laisser saisir par l’énigmatique ténuité qui se joue au seuil de notre perception. Mais est-ce suffisant ? Je ne crois pas car vient ensuite un mouvement de gîte, entre apparition et disparition, qui fonde la force saisissante de son travail.
Edward Povey is nearing to the closest of the subject issue, and notably the concern of its disappearance or evanesent dissolution.This subject calls for what psychoanalysis names the subject of the unconscious.Psychoanalysis hypothesizes its «aphanisis» and that could mean it is imperceptible unless it is pure movement by nature .Therefore this perception is only possible in a single instant.Indeed, this appproach comes very close to what Edward Povey often calls the ghosts or spectres of an enigmatic and nonsense inner life. From that point of view,I believe , rightfully I think, that his work can be assimilated to painting as an action .An action that disappears as soon as it is acted leaving only enigmatic remains of the representation which can only be grasped through interpretation.Edward Povey entertains the onlooker’s desire and the permanance of movement when confronted to the unattainable quest to find a mythical creative act .This is how he tells us that to create is to lose.Nonetheless,the onlooker’s and the painter’s desires eternally rise from this loss.Therefore he cultivates the power of enigmas, he engourages us to initiate our own fictions .those fictions that are suggested by the evocative power of his representations.His works are not a matter of meaning, rather a setting in motion through emotions ( « Painting always means showing the fire under ashes » Jean-Marie Pontevia «La peinture masque et miroir ,Ecrits sur l’art et pensées détachées» editions William Blake & co 1981)Edward Povey keeps us on the threshold in an ephemeral and temporal in-between.And this is as strong an experience as it can be. In Edmond Jabes’ s words «The threshold may be death » I personnally think the threshold is a moment, not a place, it is a flash that cannot be captured when it is flimsily seen…It is to be compared with the construction of the unconscious and it leads us towards an experience of delay (Duchamp’s glass delay ) and the imperceptible as being the true reason for creation.At that point and in a way rather contradictory to Duchamp’s, Edward Povey manages to act on the onlooker through the infrathin.An experienced onlooker should have plenty to discover when confronted with Edward Povey’s paintings.First of all we must foil the obvious and the spectacular that guide our interpretation of the picture and let ourselves being submited to the enigmatic subtlety that linger on the treshold of our perception.But then, is it sufficient ? I don’t believe so, because still to come is the list movement that alternate appearence and disappearance which is a base for the striking power of his work.
Texte JF Ferbos, traduction Jacques Guérin.